Accompagnement de processus participatif

DIMENSION POLITIQUE DE LA PARTICIPATION CITOYENNE

Premières définitions

« La participation … un mot unique, c’est comme un seul café sur une place, on ne peut se fâcher avec le patron ». En conséquence de quoi, « il ne faut pas moraliser les mots du mouvement participatif, il faut les multiplier, en inventer de nouveaux, enrichier peu à peu la culture de la participation. » (Pierre Mahey, architecte urbaniste –  France)

« La démocratie consiste à donner une chance égale à tout citoyen d’influencer le gouvernement et la décision«  (Robert Dale – USA)

« La participation citoyenne peut se définir comme un processus d’engagement obligatoire ou volontaire de personnes ordinaires agissant seules ou au sein d’organisations, en vue d’influer sur une décision portant sur des choix significatifs qui toucheront leur communauté. » (Pierre André – Canada)

Enfin, pour Habitat et Participation, participer c’est PRENDRE PART à

  1. La réflexion (démocratie délibérative)
  2. La décision (démocratie directe)
  3. L’action (démocratie contributive)

Une triple crise de démocratie représentative

Aujourd’hui, nos sociétés traversent une triple crise de démocratie représentative (suivant l’exposé de Loïc Blondiaux au Collège de France – 2014) : une crise d’efficacité, une crise de légitimité et une crise de désaffiliation sociale.

  • Une crise d’efficacité : les citoyens se posent la question des capacités réelles du politique à agir face aux enjeux éco-socio-environnementaux dans une perspective de long terme.
  • Une crise de légitimité : les citoyens perçoivent une forme de concurrence entre instances décisionnelles. Nos sociétés sont passées d’un gouvernement (unique) à la gouvernance multi-niveaux. Cela entraîne la défiance des citoyens face à toute forme d’autorité.
  • Une crise de désaffiliation sociale : certaines catégories de citoyens « participent » semble-t-il moins facilement que d’autres. On peut citer les ‘jeunes » et les catégories « populaires ». Or, il semble que la norme acceptable de non participation citoyenne dans une société ne peut dépasser 15 à 20% du total, ce qui n’est plus le cas actuellement.

Cette triple crise de démocratie représentative explique la grande méfiance – difficulté actuelles à faire vivre les lieux de participation institutionnelle.

La finalité de la participation citoyenne

Un objet de litige entre citoyens et pouvoirs publics se situe régulièrement dans la finalité du processus participatif mis en place. Capture d’écran 2015-12-07 à 15.11.40La participation citoyenne est jugée comme un enjeu de démocratie citoyenne pour les habitants et les associations militantes, tandis qu’elle est souvent appréhendée plutôt comme un enjeu de bonne gestion pour les pouvoirs publics.

Une étude réalisée par Sherry Arnstein en 1969 aux Etats Unis, lui avait permis d’identifier à travers un processus institutionnel participatif ce qu’elle a appelé l’échelle de participation. Capture d’écran 2015-12-07 à 15.11.59Il est intéressant de remarquer que les finalités de la participation peuvent, selon elle, être de l’ordre de l’absence de participation « vraie » (on ne fait que s’intéresser aux préoccupations des gens) – de l’ordre de la participation symbolique (un rituel pour canaliser les mécontents) – ou de l’ordre d’une participation effective (un certain pouvoir est donné au citoyen).

La Platform Participation, plateforme belge qui a réuni autrefois des acteurs de participation citoyenne à travers la Belgique, avait dès lors conçu la participation non pas comme un système IN ou OUT, mais plutôt comme une approche par

« gradients » d’intensité de la participation citoyenne.

Des poches de résistance citoyenne

Aujourd’hui, la participation citoyenne passe surtout par la création de poches multiples de résistance, partout dans le monde. Parmi les actions de résistance, on peut citer quelques exemples qui ont trait soit à la participation citoyenne, soit à l’habitat participatif, soit encore au droit au logement. Habitat et Participation s’implique dans certaines de ces résistances :

ACCOMPAGNER LA PARTICIPATION CITOYENNE

Identifier <Processus versus Projet>

Accompagner la dynamique d’un projet participatif ou d’un processus participatif sont deux modes de travail très différents. Quelle différence entre un projet et un processus ? Le projet est inscrit dans une temporalité bien précise et avec un objectif et un résultat espéré assez définis. Le processus s’inscrit dans la durée, peut connaître des cycles divers, peut être jalonné de projets spécifiques avec des objectifs spécifiques.

Il est donc important – pour un accompagnement participatif – de savoir si l’on se situe dans le cadre d’un projet ou d’un processus auquel on veut que prennent part les citoyens.

Analyser l’existant

La première étape consiste à « analyser l’existant », c’est-à-dire à effectuer des travaux de repérages et d’identification :

  • Des acteurs en présence et de leurs inter-relations (par exemple via une carte des acteurs)
  • Les lieux de participation (formel ou informel)
  • Les enjeux locaux, selon chaque catégorie d’acteurs
  • Les antécédents de la participation pour la communauté donnée (échecs et réussites)
  • Les objectifs du pouvoir public s’il est partie prenante, voire le commanditaire de l’action citoyenne, afin de définir les véritables marges de manœuvre (ou pouvoir décisionnel) laissées aux citoyens.
  • Etc.

De nombreuses techniques existent : diagnostic en marchant – diagnostic participatif – travaux en socio-grammes – etc. Ces techniques doivent être choisies en fonction des multiples facteurs liés au processus.

Créer les conditions de la participation

Depuis la création d’Habitat et Participation en 1982, il est apparu évident que la participation ne se décrète pas … qu’on ne peut forcer personne à participer contre sa volonté. C’est pourquoi, de manière théorique, nous pensons qu’il est important Capture d’écran 2015-12-07 à 15.12.12de créer les « conditions » de la participation, c’est-à-dire le cadre minimum nécessaire pour que les personnes aient envie de participer. Nous situons ces conditions à mi-chemins entre le VOULOIR participer – SAVOIR participer – POUVOIR participer et DEVOIR  participer.

Le triangle de mobilisation

Enfin, nos travaux nous ont amené à réfléchir sur ce qui mobilise les personnes et les groupes, les ressorts qui favorisent l’envie de se mobiliser. de manière schématique, nous avons imaginé ce que nous appelons le « triangle de mobilisation ». En effet, c’est une combinatoire entre besoin, désir et opportunité.

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  • Le BESOIN renvoie au fait que la proposition de se mobiliser doit rencontrer un des besoins de l’humain (pyramide de Maslow).
  • Le DESIR renvoie à l’idée que l’on ne se mobilise pas seulement parce que ce qui est proposé rencontre un besoin de base, mais aussi parce que cela nous fait rêver, renvoie à un désir individuel ou collectif.
  • L’OPPORTUNITE est indispensable pour que la mobilisation soit effective : malgré l’existence d’un besoin ou d’un désir, il faut qu’un opportunité se présente pour que les citoyens imaginent que leur action va pouvoir être portée réellement. (opportunité financière – opportunité de ressources humaines – opportunité politique – etc.)

DES METHODES ET DES OUTILS

Habitat et Participation réalise depuis plus de 30 ans des accompagnements de processus participatifs de tous types. Chaque nouveau projet ou nouveau processus nécessite un temps de réflexion et de créativité en amont. Des outils d’animation de collectifs sont également utilisés, à choisir en fonction des besoins et des collectifs. Les outils sont aussi à adapter en fonction de la taille des collectifs à animer. Nous fonctionnons le plus souvent en nous appuyant sur les relais (personnes – associations) proches des citoyens à mobiliser.

N’hésitez pas à nous contacter !

 

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