Accompagnement social, de quoi parle-t-on ?
Le concept d’Accompagnement Social fait appel à deux notions:
- Accompagnement : fait référence à l’action de se joindre à quelqu’un pour aller où il va et en même temps. L’accompagnement vise à induire, appuyer, soutenir des initiatives, des actions développées par d’autres à leur profit, avec l’option de ne pas faire à leur place, mais bien d’être à leurs côtés.
- Social : induit la dimension de solidarité par rapport à celle de solitude (solidaire versus solitaire). Fait aussi référence à la notion de vivre ensemble, de bien-être collectif, via une amélioration des conditions socio-économiques, environnementales, des liens sociaux et relationnels.
Objectifs et finalités de l’accompagnement social dans le logement
L’accompagnement social dans le contexte du logement vise à favoriser l’émergence d’acteurs sociaux via le développement – à leur initiative – d’actions collectives[1], de comportements responsables et de conduites citoyennes, qui favorisent la vie en groupe et en communauté, dans le respect mutuel des légitimes intérêts des uns et des autres. Par-delà, cet objectif de soutien à la prise en main de son sort, la finalité du projet est de contribuer à réguler les relations, favoriser la cohésion sociale et l’inclusion sociale des populations visées. Notre postulat (et hypothèse de travail) est que l’action collective de groupes sociaux – parfois marginalisés – est non seulement possible, aujourd’hui mais hautement souhaitable.
Concrètement, cet accompagnement social vise l’émancipation et l’amélioration du bien-être social de la personne accompagnée (locataire, propriétaire) en le rendant acteur du changement de son parcours dans le logement. Cela passe par la mise en place d’un cadre propice à la création de liens sociaux et d’échanges solidaires.
La participation des locataires est fortement encouragée ainsi que la valorisation de leurs initiatives. L’accompagnement doit permettre aux différents groupes de développer des attitudes de « bien vivre ensemble ». L’accompagnement du collectif intègre les relations avec l’extérieur (inclusion au quartier).
L’accompagnement doit aboutir à la mise en évidence des projets individuels et travailler à ce que le projet individuel coïncide (autant que faire se peut) avec le projet de groupe.
Notons encore toute l’importance que nous accordons à la dimension d’éducation permanente que doit comporter ce type d’intervention afin que cet accompagnement contribue aussi à l’adoption d’aptitudes sociales et relationnelles, garantes d’une pérennité de ces actions collectives, et de leurs résultats.
Les aptitudes à acquérir ou à développer peuvent être (entre autres) : large capacité d’écoute, capacités d’accueil, respect de soi et des autres, acceptation de l’autre dans sa différence, non jugement, capacité à rester humble et modeste…etc.
Dans un monde de plus en plus marqué par l’individualisme, nous prônons – en conclusion – un accompagnement social qui s’appuie sur des valeurs humanistes.
Public cible
L’accompagnement social dans le logement vise un public fragilisé selon les critères de l’OCDE . La fragilité peut être économique (revenu), par âge (isolement dû au vieillissement), santé…
Toutefois, il faut cumuler au moins 2 types de fragilités (santé et revenu, ou solitude et handicap,…).
Forme et méthodologie d’intervention
L’accompagnement peut prendre différentes formes, selon qu’il s’adresse à
- une personne= accompagnement individuel
- un binôme= cas d’accompagnement, type « habitat kangourou »
- un groupe ou une collectivité= accompagnement collectif.
Le service APL d’Habitat et Participation à la spécificité d’avoir une expertise-terrain et d’être reconnu comme référent en matière d’accompagnement collectif.
Voici la liste des groupes accompagnés ou en cours d’accompagnement :
- Val des Coccinelles
- Côte à côte
- Court Saint Etienne
- Co-logement d’Ottignies
- Abbeyfield
- Chemin de Travers
- Groupe de personnes vieillissantes
- Groupe d’épargne et de crédit solidaires
Notre équipe pluridisciplinaire montre l’exemple en utilisant ses propres outils de participation en interne. Cela se s’exprime comme suit lors des animations de groupe :
- Groupe de personnes vieillissantes: est co-animé par la chargée de mission en éducation permanente et la chargée de mission en Accompagnement social. (mettre le lien avec …) ;
- Groupe d’épargne solidaire: initié par l’équipe d’APL. Ce groupe est appuyé en interne par l’équipe d’Habitat groupe et la direction ; en externe grâce au partenariat avec la ville d’Ottignies, la Maison Médicale, le Collectif des Femmes, Yambi, le CIRE et du bénévolat de la part de l’expert architecte…
L’accompagnement se concrétise à travers des actions, activités et par le recours à une grande diversité d’outils notamment d’animation. Cependant, quel que soit l’angle par lequel on aborde l’accompagnement, l’accompagnateur doit adapter son mode d’intervention au contexte dans lequel celui-ci s’effectue.
Dans le même ordre d’idée, le rythme de l’accompagnement qu’il soit « collé-serré », ou « en fonction de la demande ou relâché »[2] doit s’adapter aux besoins et à la réalité et aux caractéristiques du public.
En collectif, l’accompagnateur utilise des outils d’animation pour : briser la glace, créer des liens, élaborer de façon participative la charte, ROI…
Les activités extérieures visent (entre autres) la création de liens, la résolution d’un problème ou encore l’expression facilitée des membres.
Ce travail se déroule dans le cadre d’un contrat définissant les engagements de chacun.
Comme l’accompagnement, le contrat est à la carte, en fonction de la demande et des besoins du demandeur (individuel ou acteur collectif).
Rappel : il importe de toujours contractualiser cet accompagnement.
Dernière remarque : tout ce travail doit se faire dans le respect mutuel, la responsabilité, la bienveillance…et nous y veillons tout particulièrement.
Une vision « organique » et dynamique de le relation d’accompagnement
Si l’accompagnement était un arbre, sa racine serait la relation entre l’accompagnateur et le/les accompagné/s.
Cette relation – décisive – se construit au fil du temps. La réussite de l’accompagnement dépend de l’entretien et de la qualité de celle-ci. L’accompagnateur est appelé à apprivoiser ce lien d’intimité, de confiance, de partage, avec le groupe qu’il accompagne. Ceci passe d’abord par une phase d’observation et de séduction, ensuite d’apprivoisement et de dévoilement réciproque, et enfin d’échange et de construction commune, parfois dans le conflit.
Chaque branche de l’arbre est différente comme chaque être humain. Dans l’accompagnement, nous devons tenir compte de la spécificité de chaque collectif accompagné, en intégrant le parcours, l’histoire de chacun/e et du contexte dans lequel l’accompagnement se réalise. Ceci demande à l’accompagnateur/trice, une flexibilité, une capacité d’adaptation, d’imagination et de créativité. Certains auteurs autant que d’acteurs de terrain parlent à juste titre d’accompagnement à la carte, au « cas par cas », ou encore « sur mesure ».
L’accompagnateur/trice doit toutefois avoir aussi une vue « macro » des domaines dans lesquels il est appelé à intervenir. C’est pourquoi, il lui incombe de développer ses compétences dans différents domaines d’expertise, en se formant et en s’informant, et surtout en développant et entretenant un large réseau de professionnels et de partenaires.
Références, études, publications
[1] Dumas B. & Séguier M. « Construire des actions collectives- Développer les solidarités » – Chronique sociale – Lyon – 2ème Edition – 1999 – 226 pp.
[2] Page 25-26 Marjorie Lelubre